Monsieur Sibony s’est spécialisé dans la dépression suite à une thèse de doctorat sur la dépression et la solitude. Il a enseigné sur la dépression à l’université paris XIII et a travaillé de nombreuses années dans une clinique spécialisée dans la dépression.
RECONNAITRE LA DEPRESSION
Les signes précurseurs les plus fréquents d'une dépression sont :
L'on peut reconnaître une dépression à partir des signes suivants :
Si l’on ressent toutes ces choses ou une partie pendant plus de deux semaines l’on est peut être en train de faire une dépression.
Il est important de réagir car :
Il est important de savoir ce qu'est une dépression car non seulement il est difficile de la déceler chez soi mais aussi parce que plus une dépression est ancienne plus il est difficile de la soigner.
Quand l’on n'a pas le moral, que l’on est triste, que l’on a moins d’entrain, est ce juste un « coup de blues », une petite déprime ou un signe de la dépression ?
Pour vous faire une idée plus précise du sujet voici quelques questions. Vos réponses à ces questions peuvent vous aider à réfléchir et éventuellement mieux cerner votre situation.
Si vous répondez de façon positive à une partie des ces questions et que la situation dure depuis plus de deux semaines, il serait judicieux de consulter.
QU’EST CE QUE LA DEPRESSION ?
La dépression n'est pas une déprime et encore moins un « coup de blues ». C'est une affection qui nécessite un traitement et une attention particulière. En la traitant avec tout le sérieux qu'elle mérite l'on peut s'éviter des souffrances importantes.
Il est important de différencier la dépression du “coup de déprime” car chacune de ses affections nécessite une approche différente.
La Dépression
La dépression se caractérise par les signes suivants :
Les symptômes de la dépression disparaissent dans l'ordre contraire à celui de leur apparition : si l'insomnie est le premier symptôme d'une dépression, elle disparaîtra en dernier ; elle sera donc le dernier symptôme de cette dépression.
Les événements douloureux de la vie peuvent provoquer une dépression. Une rupture amoureuse, des carences affectives, la perte d'un être cher, la maltraitance, un licenciement, la solitude ; toutes ces choses peuvent projeter une personne dans un état dans lequel elle a l’impression de moins en moins contrôler sa vie et qui finit par se transformer en dépression.
La dépression n'est pas une fatalité, même si elle peut être liée à des facteurs génétiques : l'on peut avoir des cas de dépression dans sa famille mais rien ne dit qu'on en sera victime.
Le sevrage du tabagisme peut provoquer des symptômes de l'ordre de la dépression.
La dépression peut représenter une forme de conditionnement : à force d'être déprimé l'on peut devenir pessimiste, triste, développer une logique d'échec, envisager toujours le pire. L'on finit par entrer dans un cercle vicieux d'ambiance dépressive sans souffrir de dépression à proprement parler. La dépression cesse alors d'être une maladie et devient comme une seconde nature.
La dépression peut connaître des rechutes, surtout quand elle survient sans raisons évidentes. Parfois, si rien n'est fait, ces rechutes s'enchaînant les unes après les autres peuvent être déclenchées à la suite d’événements de moins en moins importants. Comme si à force de faire des dépressions la personne s'y était habituée et pouvait désormais faire une dépression pour une raison quasiment anodine. Il est possible que la prise d'antidépresseurs de façon continue contribue à cette fragilisation de la personne qui finit par élire demeure dans la dépression.
La consommation d'alcool ou de drogue peut amener de façon graduelle à la dépression. Mais elle peut être aussi le refuge du déprimé, auquel cas la consommation de ces substances risque d'augmenter au fur et à mesure que la dépression perdure.
Certaines maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson ou d’’alzheimer, la sclérose en plaque peuvent avoir comme corollaire la dépression.
Le syndrome d’apnées du sommeil, qui concerne essentiellement les hommes à partir de l’âge de 40 ans, est caractérisé par des arrêts de respiration suivis de reprises de respiration bruyante. Ce syndrome peut être accompagné d’une dépression caractérisée, donc importante, et qui peut se révéler plutôt résistante aux traitements.
La déprime
La déprime c'est se sentir triste, morose et l'on peut même avoir des idées noires. Ces symptômes ne doivent pas durer pendant plus de deux semaines et l'on ne doit pas les éprouver durant la majeure partie de la journée. Si c'est le cas il peut s'agir d'une dépression.
La déprime est, certes, gênante mais beaucoup moins que la dépression : l'on peut continuer à mener ses activités et une vie normale quoique sans plaisir et sans fournir d'efforts particuliers pour le moindre geste de la vie quotidienne (comme c'est le cas dans la dépression). La souffrance dans la déprime est moins importante et elle est plus gérable que dans la dépression.
« Le coup de « blues »
Le « coup de blues » se distingue par sa brièveté et il est moins grave que la déprime et bien sûr que la dépression. Si la déprime peut durer pendant une période, le « coup de blues » est bref : quelques heures ou un nombre très limité de jours.
En savoir plus
La dépression, comme toute affection, implique une collaboration entre au moins trois partenaires : la personne déprimée, le soignant, l'entourage de la personne.
Le mieux être et la guérison de la dépression dépendent de la qualité de cette collaboration et de l'alliance entre ces trois parties.
Il est important de savoir ce qu'est une dépression car cela permet, si nécessaire, soit d'alerter une personne que l'on croie atteinte de ce mal soit de mieux savoir dans quel état l'on est quand on n'est pas de bonne humeur, que l'on se dit déprimé ou pas en forme. Il est difficile de déceler chez soi ce que l'on appelle la dépression et souvent l'on attend trop longtemps avant de consulter. A tort, car plus une dépression est ancienne plus il est difficile de la soigner.
D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS) la dépression est un trouble courant qui touche 350 millions de personnes et qui deviendra d'ici 2020 la deuxième cause d'invalidité à travers le monde après les troubles cardiovasculaires. En France, au moins 8% de la population entre 15 et 75 ans ont été touchés par la dépression.
LES SYMPTÔMES DE LA DÉPRESSION
- Etre coupé du monde tout en étant livré à une insupportable douleur intérieure.
- Sentir que la tristesse et la douleur morale vous paralysent, que l'on a pas d’avenir.
- Perte d’appétit.
- Des idées noires dont on a du mal à se débarrasser.
- Sentiment de culpabilité.
- Un sentiment de ralentissement accompagné souvent d'une difficulté à anticiper.
- Des crises de larmes.
- De la fatigue.
- Des angoisses.
- Senstation de fatigue et de sommeil permanente.
- Tendance à s'isoler, l'on se sent seul, abandonné, inutile.
- Sensation que le matin est vraiment un moment pénible et une baisse de cette pénibilité vers le soir.
- Humeur morose.
- Ralentissement général.
- Diminution importante et quasi permanente de l'intérêt pour la quasi totalité des activités.
- Fatigue ou perte d'énergie, sensation permanente de fatigue et de manque d'énergie, parfois associés à un sentiment de découragement et d'impuissance. Le repos n'atténue pas cette fatigue.
- Insomnie ou hypersomnie.
La dépression peut cacher une souffrance intérieure et l'incapacité à agir de la personne déprimée a comme objectif de ne pas réveiller cette souffrance.
La dépression peut connaître des rechutes surtout quand elle survient sans raisons évidentes. Parfois, si rien n'est fait, les rechutes risquent de s'enchaîner ; les dernières rechutes pouvant être déclenchées suite à des événements de moins en moins importants.
EVALUATION
Vous trouverez ici un inventaire plus complet pour évaluer un état dépressif : l’Auto-évaluation du degré de dépression de Beck.
Ce questionnaire d’auto évaluation comporte plusieurs séries de quatre propositions.
Pour chaque série, lisez les quatre propositions, puis choisissez celle qui décrit le mieux votre état actuel. Entourez le numéro qui correspond à la proposition choisie.
Si, dans une série, deux propositions paraissent convenir, entourez les numéros correspondants, vous ferez la moyenne. 0 |
Je ne me sens pas triste. |
1 |
Je me sens cafardeux ou triste. |
2 |
Je me sens tout le temps cafardeux ou triste, et je n'arrive pas à en sortir. |
3 |
Je suis si triste et si malheureux que je ne peux pas le supporter. |
0 |
Je ne suis pas particulièrement découragé(e) ni pessimiste au sujet de l’avenir |
1 |
J'ai un sentiment de découragement au sujet de l'avenir. |
2 |
Pour mon avenir, je n'ai aucun motif d'espérer. |
3 |
Je sens qu'il n'y a aucun espoir pour mon avenir, et que la situation ne peut s’améliorer |
0 |
Je n'ai aucun sentiment d'échec de ma vie. |
1 |
J'ai l'impression que j'ai échoué dans ma vie plus que la plupart des gens. |
2 |
Quand je regarde ma vie passée, tout ce que j'y découvre n'est qu’échecs |
3 |
J'ai un sentiment d'échec complet dans toute ma vie personnelle (dans mes relations avec mes parents, mon mari, ma femme, mes enfants). |
0 |
Je ne me sens pas particulièrement insatisfait(e). |
1 |
Je ne sais pas profiter agréablement des circonstances. |
2 |
Je ne tire plus aucune satisfaction de quoi que ce soit. |
3 |
Je suis mécontent(e) de tout. |
0 |
Je ne me sens pas coupable. |
1 |
Je me sens mauvais ou indigne une bonne partie du temps. |
2 |
Je me sens coupable. |
3 |
Je me juge très mauvais et j'ai l'impression que je ne vaux rien. |
0 |
Je ne suis pas déçu(e) par moi-même. |
1 |
Je suis déçu(e) par moi-même. |
2 |
Je me dégoûte moi-même. |
3 |
Je me hais. |
0 |
Je ne pense pas à me faire du mal. |
1 |
Je pense que la mort me libérerait. |
2 |
J'ai des plans précis pour me suicider. |
3 |
Si je le pouvais, je me tuerais. |
0 |
Je n'ai pas perdu l'intérêt pour les autres gens. |
1 |
Maintenant, je m'intéresse moins aux autres gens qu'autrefois. |
2 |
J'ai perdu tout l'intérêt que je portais aux autres gens, et j'ai peu de sentiments pour eux. |
3 |
J'ai perdu tout intérêt pour les autres, et ils m'indiffèrent totalement. |
0 |
Je suis capable de me décider aussi facilement que de coutume. |
1 |
J'essaie de ne pas avoir à prendre de décision. |
2 |
J'ai de grandes difficultés à prendre des décisions. |
3 |
Je ne suis plus capable de prendre la moindre décision. |
0 |
Je n'ai pas le sentiment d'être plus laid qu'avant. |
1 |
J'ai peur de paraître vieux ou disgracieux. |
2 |
J'ai l'impression qu'il y a un changement permanent dans mon apparence physique qui me fait paraître disgracieux. |
3 |
J'ai l'impression d'être laid et repoussant. |
0 |
Je travaille aussi facilement qu'auparavant. |
1 |
Il me faut faire un effort supplémentaire pour commencer à faire quelque chose |
2 |
Il faut que je fasse un très grand effort pour faire quoi que ce soit. |
3 |
Je suis incapable de faire le moindre travail. |
0 |
Je ne suis pas plus fatigué(e) que d'habitude. |
1 |
Je suis fatigué(e) plus facilement que d'habitude. |
2 |
Faire quoi que ce soit me fatigue. |
3 |
Je suis épuisé(e) au moindre travail. |
0 |
Mon appétit est toujours aussi bon. |
1 |
Mon appétit n'est pas aussi bon que d'habitude. |
2 |
Mon appétit est beaucoup moins bon maintenant. |
3 |
Je n'ai plus du tout d'appétit. |
Interprétation des scores :
En dessous de 5, on considère que le score est normal
De 6 à 10, on peut parler d'humeur triste ou d'état dépressif léger.
Le titre n°7 Retrouver le goût de la vie vous sera certainement utile dans votre cheminement.
D’autres titres, selon des cas, pourront vous intéresser (anxiété, timidité, colère, sommeil, …)
De 11 à 19, le niveau dépressif est modéré. Il est alors recommandé de consulter un professionnel et éventuellement de vous faire aider.
De 20 à 25, le trouble dépressif est important, Il est alors conseillé de consulter rapidement votre médecin traitant afin de chercher avec lui la meilleure solution pour passer ce cap.
Au-dessus de 26, le trouble est très important et une aide médicamenteuse vous sera probablement aussi proposée pour accélérer votre guérison.
Source : Collet L. et Cottraux J. Inventaire abrégé de la dépression de Beck (13 items). Etude de la validité concurrente avec les échelles de Hamilton et de Widlcher. L'Encéphale, 1986, 12, 77-79.
Les Médicaments
Ne pas confondre antidépresseurs et anxiolytiques.
Les anxiolytiques ne traitent pas la dépression mais les divers états d’anxiété, d’angoisse et les crises d’angoisse. Ils font partie des tranquillisants. Ils peuvent aussi soulager les insomnies. Leur utilisation doit être suivie de près par un médecin car ils peuvent entraîner une accoutumance et des effets secondaires indésirables tels que la somnolence.
Les antidépresseurs utilisés pour combattre la dépression peuvent engendrer des effets secondaires mais n'entraînent pas d'accoutumance. Leurs effets commencent à se faire sentir au bout de deux à quatre semaines. Il ne faut pas arrêter le traitement sans l'accord du médecin et il est recommandé de le suivre pendant au moins six mois pour éviter toute rechute.
En début de traitement, plusieurs antidépresseurs ont comme effet secondaire l'endormissement. Cet effet de somnolence ne se manifeste pas chez toutes les personnes souffrant de dépression. Il est donc préconisé de redoubler de prudence dans les actes de la vie quotidienne afin de ne pas ajouter de complication à la dépression.
La phytothérapie vise à traiter des dépressions de faible intensité par la consommation mesurée et contrôlée d'extraits de plantes. Le millepertuis, autrement appelé herbe de la Saint-Jean, est la plus connue parmi ces plantes. Toutefois il conviendrait de faire attention à ses effets secondaires notamment la photosensasibilisation : des coups de soleil importants et une éventuelle atteinte des yeux. Sa consommation est contre-indiquée en cas de troubles immunitaires. Associé à des antidépresseurs le millepertuis peut provoquer un syndrome sérotoninergique : agitation, nausée, fébrilité, frissons, tremblement, tachycardie, palpitations, diarrhée.
La psychothérapie
La prise en charge thérapeutique de la dépression aide à en guérir. Elle s'associe éventuellement à un traitement médicamenteux, mais pas toujours. Elle permet, au début, de gérer la maladie et de réduire les symptômes puis ensuite de surmonter la dépression. Elle est efficace pour éviter des rechutes et la réapparition des symptômes.
Une psychothérapie permet d'envisager une nouvelle approche des situations. De nouvelles réponses sont données aux différentes problématiques et la personne qui souffre de la dépression, avec l'aide du psychothérapeute, peut trouver des solutions efficaces.
Les premiers effets positifs de la psychothérapie se font sentir assez rapidement. La psychothérapie de la dépression vise à favoriser une organisation de vie différente, plus saine, tournée vers l'avenir et plus optimiste.
La psychothérapie est fondée sur un échange de personne à personne, un dialogue conduit par un professionnel formé. Le thérapeute doit s'immiscer dans la situation spécifique de la personne qui souffre de dépression. Il doit accueillir la personne dans le sens le plus profond du terme, s'abstenir de porter un quelconque jugement, puis chercher à aller au fond des choses et au delà de la limite où la personne déprimée peut aller toute seule. Le thérapeute est tenu au secret professionnel.
Continuons sur les antidépresseurs
Les antidépresseurs visent à réduire de façon significative les symptômes de la dépression, à ramener le sommeil, l'appétit et l'humeur à leur état d'avant la dépression. Ils réduisent et font disparaître la souffrance intense, si caractéristique de la dépression, et rendent la vision globale de la vie plus positive. Ils commencent à agir au bout de deux à quatre semaines. Le traitement médicamenteux de la dépression doit être continu.
Leur action dans le cerveau
Il existe plusieurs modes d'action des antidépresseurs qui permettent de les répertorier en différentes « familles ». Le médecin traitant la dépression peut avoir recours à tel ou tel antidépresseur selon l'intensité de la dépression, les effets secondaires indésirables et l'efficacité d’action. L'arrêt du traitement doit se faire de façon graduelle, sous la surveillance du médecin, afin éviter toute rechute. Les symptômes de la dépression peuvent réapparaître si la durée du traitement est trop courte ou si la prise des antidépresseurs est interrompue d'un seul coup.
Voyons quelles sont les grandes familles des antidépresseurs
Les thymorégulateurs
Ils ont comme but de stabiliser l'humeur dans le cas de la psychose maniaco-dépressive en réduisant l'amplitude des variations entre l'épisode dépressif et l'épisode maniaque (excitation exagérée). Il est recommandé de ne jamais cesser le traitement, et cela pour éviter des rechutes.
Les anxiolytiques
Ce sont des tranquillisants qui ont comme but de soulager l'anxiété, les crises d'angoisse, et de faciliter l'endormissement.
Les hypnotiques
Ce sont des somnifères qui facilitent l’endormissement, et qui aident à retrouver un sommeil régulier quand ils sont pris pendant un certain laps de temps. Certains tranquillisants comme les benzodiazépines sont des somnifères (des hypnotiques).
Les associations de médicaments
Dans certaines dépressions très fortes, un délire peut survenir. Il est alors possible d'associer à l'antidépresseur un neuroleptique qui agira favorablement sur le délire.
Globalement l'on évite d'associer des médicaments aux antidépresseurs car cela risque de diminuer l'efficacité des antidépresseurs, mais aussi pour ne pas augmenter les effets secondaires.
En début de traitement, en cas d'insomnie, l'on peut ajouter à l'antidépresseur un tranquillisant somnifère.
LES DIFFERENTES DEPRESSIONS
Il existe plusieurs sortes de dépressions dont chacune exige une approche différente.
Le type de dépression peut dépendre de l'âge ou d'un événement marquant voir traumatisant.
Les médicaments qui peuvent être efficaces dans la dépression réactionnelle ne le seront pas dans la dépression saisonnière, d'où l'importance de faire le bon diagnostic. La dépression chez l'enfant se manifeste de façon, en outre, différente que chez l’adulte et nécessite une approche différente.
D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la dépression est un trouble courant qui touche 350 millions de personnes et qui deviendra d'ici 2020 la deuxième cause d'invalidité à travers le monde après les troubles cardiovasculaires. En France, au moins 8% de la population entre 15 et 75 ans ont été touchés par la dépression. Il existe plusieurs types de dépression puis « L'épisode dépressif caractérisé » dont nous parlons ailleurs. Définissons brièvement les autres formes de dépression.
La dépression saisonnière
Cette dépression se produit essentiellement à l'arrivée de l'hiver (elle est assez rare et quasiment inexistante dans les contrées où il n'y a pas de changement de saisons c'est-à-dire vers l’équateur). Dans sa forme la plus légère elle peut être traitée par la luminothérapie. Elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. La dépression saisonnière doit être distinguée de la baisse de l’humeur à l’approche de l’automne ou de l’hiver qui n’est pas une maladie mais une sensation générale de morosité, une « baisse de régime » mêlée à une certaine tristesse.
La dépression réactionnelle
La dépression réactionnelle est une forme de dépression déclenchée soit par un événement qui a marqué, voire traumatisé, la personne soit par l’accumulation d’une pression psychique qui finit par devenir insupportable.
Au cours d’une telle dépression l’on constate une humeur triste, parfois accompagnée de crises de larmes, une dévalorisation de soi, des conduites d’échec, des signes d’anxiété, une fatigue, le sentiment que tout est inutile, des difficultés d’endormissement ou de l’hypersomnie. Cette tristesse est sensible au réconfort venant de l’entourage. L’humeur au cours de cette dépression est fluctuante et a tendance à se dégrader en fin de journée. Cette dépression réagit plutôt favorablement aux antidépresseurs et à la psychothérapie. La dépression réactionnelle ressemble à la dépression caractérisée mais elle se présente de façon moins grave. On peut donc y trouver aussi des symptômes tels que le ralentissement moteur et psychique.
Episode dépressif après accouchement (post-partum)
Les symptômes, qui se manifestent dans la période après l'accouchement, sont quasiment identiques à ceux de l'épisode dépressif majeur. Il s'agit là d'une dépression importante, parfois très grave, différente du « Baby blues » qui, lui, se manifeste par une sensation modérée de déprime.
Le « Baby blues » est davantage le sentiment de ne pas pouvoir répondre aux exigences de la nouvelle situation. La jeune mère éprouve des doutes, une certaine anxiété. Le « Baby blues » est plutôt fréquent et se distingue nettement de la dépression post-partum.
La dysthymie ou la dépression chronique
Les symptômes de l'épisode dépressif majeur semblent envahir la personnalité et s'installent à demeure, souvent sous une forme affaiblie. La personne dysthymique a l'impression d'avoir toujours été déprimée, témoigne d'une perte de goût à la vie et à ses activités. Elle peut être irritable, « ruminer » le passé, se sentir triste, avoir des sentiments d'insuffisance, être pessimiste. La dysthymie peut durer de nombreuses années et si elle est traitée elle peut perdre de sa force voire disparaître. La dépression chronique est une manifestation plus forte des symptômes de la dépression que la dysthymie. Son traitement, le même que celui de la dysthymie, peut contribuer à atténuer les symptômes de la dépression, prolonger les périodes de rémissions, voire faire disparaître la dépression.
Le syndrome anxio-dépressif
Des symptômes caractéristiques de la dépression apparaissent en même temps que des symptômes typiques de l’anxiété sans que l’on puisse décider si la personne est plutôt déprimée ou plutôt anxieuse.
Tremblements, palpitations, sentiments d’angoisse, étourdissements, peur de l’inconnu ou du lendemain, oppression dans la poitrine, agitation intérieure, nervosité exagérée - tout ou une partie de ces symptômes se manifeste en même temps que des symptômes plutôt modérés de la dépression. A la différence de la dépression caractérisée l’on notera, par exemple, l’absence d’idées suicidaires, de grande souffrance morale, de forte culpabilité. Les troubles de la dépression caractérisée sont non seulement plus importants que ceux du syndrome anxio-dépressif mais ils sont aussi plus nombreux.
Les troubles bipolaires ou la maladie maniaco-dépressive
Cette maladie est caractérisée par l'alternance d'une période dépressive et d'une période maniaque dans laquelle la personne est surexcitée et ne peut être calmée. Cette surexcitation se traduit par la capacité à rester éveillée des nuits entières, le besoin de parler sans cesse et le risque de dépenser son argent de façon incontrôlée parfois en faisant des chèques sans provision.
Des épisodes de dépression et des épisodes maniaques peuvent se suivre pendant de longues périodes. Sur le plan médicamenteux cette maladie spécifique n'est pas traitée par des antidépresseurs mais par d'autres médicaments stabilisateurs de l'humeur dits thymorégulateurs tel le lithium.
La dépression chez l'enfant
La dépression chez l'enfant peut prendre la forme de « Dépression masquée ». Les symptômes perceptibles chez l'adulte sont beaucoup moins présents chez l'enfant et la dépression se manifeste à travers des comportements d'irritabilité, d'instabilité ; par des difficultés à se concentrer, une diminution subite des résultats scolaires. L'on peut aussi noter un retrait important par rapport aux activités, l'école et la vie familiale. Lorsqu’un enfant annonce qu'il a envie de se tuer alors que par ailleurs tout semble aller plutôt bien, une telle déclaration entre dans le cadre de la dépression masquée.
La dépression chez l'adolescent
Les symptômes perceptibles chez l'adulte peuvent se manifester chez l'adolescent. En même temps, les comportements déviant, les prises de risque excessif, la consommation importante d'alcool ou de stupéfiants peuvent être des signes de dépression.
L'adolescent en pleine mutation a du mal à identifier et à définir ses difficultés et préfère lutter contre elles par des attitudes et conduites alarmantes pour l'entourage. L'on peut noter aussi un retrait par rapport à la vie de façon générale, des situations de forte provocation, une violence physique ou verbale, un manque de concentration et une humeur agitée. L'adolescent ne demandant le plus souvent aucune aide encourt des risques supplémentaires de ce fait.
La dépression chez la personne âgée
Chez la personne âgée les symptômes de la dépression peuvent se manifester selon le spectre de l'épisode dépressif majeur mais ils sont plus difficile à déceler en raison d'une éventuelle diminution de sa vigilance tant sur le plan physique qu'intellectuel. Par ailleurs il y a le risque d’accepter un peu plus facilement que les personnes âgées soient fatiguées ou tristes. Alors, nous risquons de passer à coté de signes de dépression surtout chez les personnes qui n'ont pas tendance à parler d'elles-mêmes ou à se plaindre. La dépression chez la personne âgée n'est malheureusement souvent pas son seul mal. Repérer la dépression est alors un exercice plus compliqué car une autre maladie peut occuper le devant. Concernant le traitement de la dépression, il devra être savamment articulé à celui de des autres maladies ou affections.